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1.Un risque invisible mais bien réel

Les batteries lithium-ion de tablettes sont aujourd’hui au cœur de la mobilité professionnelle. Compactes, puissantes et rapides à charger, elles sont pourtant sujettes à un phénomène méconnu : le gonflement. Ce risque, souvent invisible au départ, peut avoir des conséquences sur la sécurité et la performance des appareils. Dans cet article, nous expliquons pourquoi ces batteries gonflent, comment les concepteurs responsables les rendent plus sûres, et quelles bonnes pratiques permettent d’en prolonger la durée de vie.

Dans cet article, nous allons : 

  • expliquer le phénomène, 
  • donner les méthodes techniques préventives et curatives, 
  • lister les normes et certifications pertinentes, 
  • aborder le recyclage responsable, 
  • et apporter des données réelles qui montrent que ce n’est pas un simple fantasme tech. 

 

2. Le phénomène de gonflement (ou “thermal runaway” interne)

Lorsque la cellule est stressée (surcharge, chaleur, défaut, vieillissement), l’électrolyte se décompose, des gaz se forment (CO₂, H₂, CO…), et la pression interne monte. Si elle n’est pas contrôlée, la cellule se déforme, gonfle — c’est un symptôme d’instabilité.
Si le processus s’emballe, cela peut mener à des chalumeaux, fumée, feu ou explosion. 

Pour aller plus loin sur la performance énergétique et la durée de vie des batteries, découvrez aussi notre guide sur la gestion d’autonomie.

 

3. Causes fréquentes 

  • Surcharge / surintensité (charge rapide extrême, chargeur non certifié) 
  • Température excessive (surchauffe, exposition à la chaleur) 
  • Age & cycles : les cycles répétés et les charges profondes grignotent la stabilité chimique 
  • Chocs mécaniques / microfissures 
  • Gestion électronique déficiente (absence de BMS ou mauvaise électronique) 

 

4. Moyens techniques préventifs intégrés

Voici ce que doit intégrer une tablette bien conçue : 

  • BMS (Battery Management System) intelligent : mesure de tension, courant, température cellule par cellule, équilibrage actif. 
  • Cellules certifiées “Grade A” répondant aux standards de sécurité (tests internes, tolérance aux défauts) 
  • Gestion thermique : dissipation via châssis alu, films thermiques, limitation logicielle de la charge quand la température monte 
  • Algorithmes de charge contrôlée : éviter de charger à 100 % ou de décharger complètement 
  • Choix de chimie plus stable pour certaines gammes (LiFePO₄, moins énergique, mais plus sûr) 

 

5. Moyens curatifs / mesures de sécurité passive

Si le gonflement commence malgré tout, il faut que la tablette protège l’utilisateur : 

  • Soupape / disque de sécurité : ouverture contrôlée pour relâcher la pression sans explosion 
  • Compartiment isolé / confinement : la cellule est enfermée dans une chambre résistante au feu 
  • Matériaux retardateurs de flamme (UL94-V0) autour de la batterie 
  • Capteurs de température et coupure automatique : le firmware doit pouvoir éteindre l’appareil en cas d’anomalie thermique 
  • Module batterie extractible : permettre le remplacement sans manipuler directement la cellule dégradée 

 

6. Normes & certifications importantes

Pour que la batterie soit sécurisée et acceptée dans des contextes sensibles (transport aérien, usage exigeant), elle doit être testée selon : 

Norme / certification  Objet / portée 
UN 38.3  tests de transport (choc, altitude, vibration, court-circuit, etc.) — indispensable pour l’embarquement aérien 
IEC 62133  sécurité des batteries rechargeables — tests électriques, thermiques, surcharges 
UL 2054 / UL 1642  standards de sécurité pour les batteries portables (aux États-Unis notamment) 
RoHS / REACH  conformité environnementale (substances interdites) 
Directive européenne Batteries / DEEE  obligation de collecte / recyclage / responsabilité élargie du producteur 

Ces normes renforcent la confiance des clients, facilitent l’export, et sont souvent exigées dans les marchés institutionnels (militaire, transport, aérien). 

 

7. Recyclage d’une batterie gonflée : que faire ?

  • Ne jamais jeter une batterie gonflée dans une poubelle normale. 
  • Isoler la batterie dans un contenant non inflammable (boîte métallique ventilée, sac spécial batterie). 
  • Ne pas tenter de “dégonfler”, recharger, manipuler lourdement ou percer. 
  • Apporter la batterie à un centre de collecte agréé DEEE (ou à un système de reprise spécialisée). 
  • Le centre recyclera : récupération des métaux (lithium, cobalt, etc.), neutralisation de l’électrolyte, recyclage du boîtier, élimination des matériaux dangereux sous contrôle. 

En Europe, la Directive Batteries / DEEE impose aux producteurs/assembleurs une responsabilisation sur la collecte et le traitement des batteries. 

 

8. Données réelles : pas que du blabla

Ces chiffres montrent que le risque n’est pas abstrait : 

  • En 2024, la FAA a enregistré 89 incidents impliquant des batteries fumantes, chauffantes ou s’embrasant à bord d’avions. (lion.com)
  • Ces incidents représentent une hausse de ~16 % par rapport à l’année précédente.
  • Le site ULSE recense que 89 % des incidents se produisent en vol (et non pas en soute) et que 18 % entraînent des perturbations majeures (atterrissage dévié, évacuation, retour au sol). (UL Standards & Engagement)
  • Le rapport ULSE indique aussi que les incidents de “thermal runaway” seraient de l’ordre de deux par semaine en moyenne dans l’aviation commerciale. 
  • Le magazine CBS rapporte que les incendies liés aux batteries dans les avions américains sont “presque deux par semaine” selon les données de la FAA.
  • Depuis 2006, plus de 357 incidents (fumée, feu, chaleur extrême) ont été enregistrés par la FAA pour les batteries lithium dans l’aviation. (lion.com+2Administration Fédérale de l’Aviation+2) 
  • L’EASA confirme que chaque année, des compagnies signalent des incidents de surchauffe ou de feu liés aux batteries embarquées, ce qui motive des bulletins et recommandations. EASA+2ad.easa.europa.eu+2 

Remarque : ces chiffres concernent principalement le territoire américain (FAA) ou les incidents signalés à l’échelle internationale via des organismes (ULSE). Il n’y a pas de base européenne publique rajustée pour la France seule. 

 

9. Exemple historique marquant

Le cas du Boeing 787 Dreamliner illustre le danger même dans des environnements industriels de très haut niveau : 

  • En 2013, plusieurs incidents de surchauffe de batterie conduirent à la mise au sol complète de la flotte 787, le temps de revoir la conception des packs batterie.
  • Les investigations montrèrent qu’une cellule interne avait subi un court-circuit interne irréversible, déclenchant un “thermal runaway”.
  • La leçon : même pour un avion moderne, le design de la batterie et la sécurité intégrée sont critiques. 

 

10. Boot-strap : recommandations pour une tablette durcie fiable

Lors de la conception d’une tablette durcie, il est primordial de veiller à : 

  • Utiliser des cellules certifiées, avec traces et lots bien documentés 
  • Disposer d’un BMS robuste, équilibrage actif, protection thermique 
  • Surdimensionner la coque autour du pack batterie avec matériaux résistants 
  • Prévoir une soupape de sécurité et un confinement en cas de gonflement 
  • Intégrer les normes : UN 38.3, IEC 62133, tests UL si possible 
  • Offrir une politique de remplacement / recyclage claire pour l’utilisateur 

 

Conclusion

Le gonflement d’une batterie lithium-ion n’est pas un mythe : c’est une manifestation tangible d’un déséquilibre chimique ou électrique.
Les meilleures tablettes durcies sont celles qui anticipent ce risque de bout en bout, depuis la sélection des cellules jusqu’au recyclage final. 

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